Le compositeur Pierre Capdevielle insiste pour faire entendre son oeuvre.
Pierre Capdevielle (Paris, 1906/1969)Venant de composer une oeuvre, Pierre Capdevielle voudrait la soumettre à Straram. Il organise un rendez-vous avec lui, puis se plaint de son silence. «Interprétant votre silence - aussi singulier qu'incompréhensible - comme un refus déguisé quant au sort de l'oeuvre que je vous ai soumise, je viens vous demander de bien avoir l'obligeance de me faire parvenir ma partition. Si, pour vous, elle ne représente aucune sorte d'intérêt, il n'en est pas tout à fait de même pour moi et je préfère la posséder à domicile - pouvant avoir l'occasion de la présenter qq. part - que de la savoir engloutie sous des oeuvres (?) anonymes, courant à de semblables destinées». C'est un troisième échec de collaboration «mais je commence à concevoir que je suis sérieusement handicapé par deux points très graves : je suis Français et sans argent. Mais, Français, je reste, fièrement et, sans argent, aussi fièrement. Ceci fera, sans doute, sourire l'homme moderne que vous êtes, mais il y a encore, par-ci, par-là, des pauvres gars indépendants [...]». Mais cette virulente lettre reste, une nouvelle fois, sans réponse. «Votre silence et votre façon de faire me mettent - vous ne vous en doutez probablement pas - des batons dans les roues. Cela ne vous soucie pas, mais il n'en est pas de même pour moi». Il lui demande avec insistance de lui répondre s'il a l'intention, oui ou non, de le jouer et de lui rendre sa partition dont il ne possède aucun double, car Pierre Monteux, le grand chef d'orchestre ami de sa famille, propose de jouer une de ses oeuvres.
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