Le député d’Algérie Alexis Lambert dresse un sombre tableau.
Alexis Lambert (Besançon, 1829/1877)Alexis Lambert, venu à Paris après l'élection de la nouvelle assemblée, en dresse une peinture bien sombre. Il félicite son correspondant d'avoir pris en main la direction des affaires de la ville de Constantine. «Ce n'est pas une mince charge, après les cruels événements qui ont dérouté toutes les prévisions. Nous entrons dans une période de reconstruction générale, et pour cette Chambre, le rôle serait beau. Malheureusement, ce n'est pas une assemblée nationale, mais plutôt une ménagerie. On y entend à chaque instant des cris inarticulés ou féroces qui me reportent à ces âges de transition où la terre, chaude encore, était couverte de monstres dont les restes fossiles nous font dresser les cheveux. Le monopole, les privilèges [...], les grands inquisiteurs font de leur mieux pour étouffer notre pauvre République, mais ils veulent la confesser avant de l'enterrer, la communier et lui donnner l'extrême onction... Dupanloup est tout prêt. Entre temps, toute cette canaille monarchique, catholique [...] s'égratigne, et c'est ce qui nous sauve car, sans cela, l'assemblée dite nationale siégerait depuis longtemps côté gauche, dans le département de Constantine, section municipale de Lambessa [...]». [3 jours plus tard, le 8 février 1871, Alexis Lambert sera nommé commissaire extraordinaire de la République en Algérie].
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