Le Fou d’Elsa, adapté au théâtre par Aragon et Werner
Louis Aragon (Paris, 1897/1982)Beau et long texte de Louis Aragon, relatif à l'adaptation théâtrale de son célèbre poème Le Fou d'Elsa, par Alain Werner.
"LE FOU D'ELSA est un poème de 425 grandes pages que j'ai publié en 1963. Le spectacle qui en est tiré par Alain Werner a dû par suite se plier aux règles auxquelles ont obéi ses prédécesseurs qui ont porté à la scène de grands poèmes de Goethe comme Faust ou de Pouchkine comme Eugène Onéguine. Le Fou d'Elsa n'est ni un opéra ni une pièce de théâtre : c'est un spectacle."
Il résume les intentions et le propos. Deux thèmes se croisent dans cette oeuvre, le premier étant "l'histoire de la chute de Grenade, qui se situe à quelques semaines du moment ou Christophe Colomb débarque en Amérique. Le second, c'est l'histoire du Fou (en arabe du Medjnoun) que transpose, dans un poème populaire, un chanteur des rues de la Cité aux abois, l'histoire célèbre de Medjnoun et Leïla, née aux temps preislamiques, [...] une des plus grandes histoires d'amour de la poésie mondiale, reprise par de nombreux postes l'écrivant à leur manière dans les langues de divers peuples [...]. La pièce, divisée en six actes, sans entracte, dure deux heures. Elle est contée à la fois par le texte, certes, mais "ce texte même est rendu comprehensible par la chorégraphie dont il est entouré. Si on lit l'ouvrage, [...] toutes les scènes sont situées, expliquées, entourées, non par des décors, mais par la choregraphie. Ainsi, pour en donner un exemple, l'Acte I qui s'intitule Grenade commence, comme dit l'auteur, quand la scène est encore nulle part : tout décor y est à construire, toute musique à commencer... il y avait une fois... Grenade n'existe pas encore, elle va s'animer sous nos yeux, avec sa vie quotidienne, son histoire et ses malheurs, pour que nous assistions à ses luttes et à son agonie [...]".
Aragon continue ensuite à décrire et raconter chacun des six actes de cette adaptation scènique par Werner, et finissant sur la célèbre phrase du poème : " L'avenir de l' homme est la femme. Et que voulait-il dire par la ? quelle dénonciation de l'ancienne sauvagerie de l'homme ? mais qu'en tous cas, ici, sur la scène, commentent la réapparition et la danse de celle qu'on a vu déjà incarner [...] cette croyance en l'avenir, l'annonce des grands changements qu'apportera l'avenir."
La pièce devait initialement être représentée dans l'Espace Pierre Cardin, mais, suite à un bilan financier catastrophique, Cardin se rétracte durant l'été 1973. Elle sera finalement créée en 1974 et interprétée entre autre par Félix Blaska et Alain Moussay, au Festival de Baalbek, au Liban.
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