Le peintre Michel Martin Drolling raconte le retour de Pie VII à Rome
Michel Martin Drolling (Paris, 1786/1851)Lettre du peintre Michel Martin Drolling, adressée depuis Rome à son père Martin Drolling, dont il fut l'élève, avant de continuer son apprentissage dans l'atelier de Jacques Louis David. Drolling "fils" obtint le prix de Rome en 1810 puis restera à la villa Médicis, l’Académie de France à Rome, de 1811 à 1816.
Passionnant courrier dans lequel Drolling relate précisément l'entrée du pape Pie VII dans Rome, après plusieurs années de captivité notamment à Fontainebleau. Orthographe fantaisiste.
"[...] Je vais te donner des détails de cette journée mémorable. Je passerai seulement sous silence le détail des préparatifs immenses que l'on avoit fait pour le recevoir car ce seroit trop long. Lorsque le pape fût arrivé à Ponte Molle [Pont Milvius] qui est à une petite lieue de la ville il quitta la voiture et les habits de voyage. Il prit les habits pontificaux et monta dans la voiture dont le roi d'Espagne lui avoit fait présent, laquelle fut trainé depuis Ponte molle jusqu'à son palais par 64 bourgeois de la ville divisée en deux bandes qui se relayaient tour à tour. Il étoit précédé de tout le clergé des cardinaux des prélats & et puis des généraux et ambassadeurs autrichiens et anglais [...]". A son arrivée, tous les clochers résonnèrent et "toute la ville retentit d'un cri d'allégresse". Le pape pria et se retira dans son palais de Monte-Cavallo (le palais du Quirinal). "Je me trouvai dans un instant entouré de toute la lie du peuple le plus effréné qui crioit sans discontinuer : Viva il papa, accidents ai giacobini. Vive le pape, malheur aux jacobins. Malgré cela il n'est rien arrivé de fâcheux. L'on avait eu la précaution d'emprisonner quelques jours avant, tous ceux qui avoient contribué à l'enlèvement du pape parmi lesquels se trouvent plusieurs princes [...]". Drolling décrit le formidable enthousiasme lors de l'arrivée de Pie VII à Saint-Pierre, les mouvements de foule, les illuminations aux fenêtres dans la ville, puis les actions du pape les jours qui suivirent.
À la fin se son courrier, Drolling mentionne le manque d'argent des pensionnaires de l'Académie "nous sommes obligés de vivre d'emprunts" et ajoute "On dit que M. David est partit pour Rome quand tu m'écriras dis moi si cela est vrai, écris moi, écris moi écris moi".
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