Les mésaventures d’Adrien Segers pour sa grande marine.
Adrien Segers (1876/1951)Le peintre des paysages rouennais, Adrien Segers, raconte ses mésaventures survenues à l'exposition des artistes rouennais, pour la vente de sa grande marine. «Lorsque le maître Anatole France écrivit la Révolte des anges, il est une situation qu'il n'a pas prévue ou qu'il a négligé de décrire, celle de votre serviteur et de plusieurs de ses contemporains. L'étrangeté des aventures qui m'arrivent aux expositions rouennaises est vraiment stupéfiante [...]. La première aventure date de l'ouverture de l'exposition des artistes rouennais. Dès les premiers jours, un de mes confrères vint m'annoncer la vente de ma grande toile. Vous vous souvenez qu'une erreur s'était produite à mon désavantage. Or, seconde aventure. J'expose chez "Deca", je commets la faute de donner mon prix de vive voix à un débutant dans la partie, etc. Je reçois dès le premier jour encore la visite du même confrère et ami en me disant dans les mêmes termes d'ailleurs, que ma marine est vendue. A qui ? A M. D. [Deglatigny]. L'ami en question me dit alors le prix de vente, et devant cette nouvelle erreur, je ne peux m'empêcher de rire. Avouez, cher monsieur, que ce concours de circonstances analogues dans lesquelles se meuvent les mêmes personnages est des plus impressionnants ! Je vous dis : à la troisième, je croirai au diable, à ses pompes et à ses oeuvres et je m'attacherai à un tarif pour toujours ! [...] Je n'en suis pas tout de même à liquider mes toiles. Je n'en puis vouloir à personne qu'à moi-même. J'aurais dû écrire mon prix. Ma consolation est que ce soit vous, cher monsieur, qui soyez le destinataire des libéralités angéliques. Mais, dans tout çà, que fabriquait mon ange gardien ? [...]».
Vendu