Lettre de Francis Carco à Colette sur Le Blé en herbe et son château de Maurecourt
Francis Carco (Nouméa, 1886/1958)Francis Carco remercie Colette pour l'envoi d'un exemplaire du Blé en herbe.
"Depuis que j'ai reçu Le Blé en herbe, je ne trouve plus aucun plaisir à ma bicoque car elle prend tout mon temps et m'oblige à reporter sans cesse au lendemain le moment de vous écrire, de vous remercier, de vous exprimer mon admiration... Hélas! en retour, je veux dire en échange d'un si beau livre, je n'ai à vous offrir que cette sacrée Verotchka (pardon je suis enrhumé du cerveau) et des inutiles complications. Dites ! ne m'en veuillez pas trop... Si vous saviez quel goût j'ai pour vos "innocents", vous me plaindriez d'être chaque matin, depuis mon arrivée ici, dérangé par les peintres qui n'en finissent pas et un jardinier amateur de la plus belle espèce [...]".
Il s'enquiert de leurs proches "Et vous? Je vous envie, par cette chaleur, de vivre au bord de la mer et de vous y baigner après la partie de ballon réglementaire. Léopold [Marchand] vous fait-il travailler ? Et Hélène, se pâme-t-elle toujours à la vue d'un simple liseron ? J'attends son livre avec une bien sincère impatience [...]".
Il évoque avec humour les rénovations difficiles de sa maison et invite Colette à venir y séjourner. "Mon neveu vous fera les honneurs de la propriété monté sur la bourrique car il est devenu d'une audace incroyable. Pour vous l'eau et l'électricité fonctionneront (si Dieu le veut) enfin, ma chère Colette, le goujon d'Oise, où grouillent du samedi au lundi une collection fort pittoresque de types et tous les animaux aquatiques, sera une fête et la vigne vous réservera ses plus belles grappes [...]".
Carco fit paraître son ouvrage Verotchka l'étrangère ou le goût du malheur chez Albin Michel, en 1923.
Provenance : ancienne collection Claude Pichois, spécialiste de Colette ; Vente Laurent Goudeket, 27 février 1986 à Drouot, lot n° 39.
Vendu