Longue et belle lettre de Xavier de Maistre lors de son exil en Italie
Xavier de Maistre (Chambéry, 1763/1852)Longue lettre de Xavier de Maistre, écrite lors de son séjour en Italie [il y séjourna avec sa famille de 1826 à 1838], adressée à Victor Oudinot à son retour en France après avoir été grièvement blessé lors de la campagne militaire en Algérie (il était chargé de ramener la dépouille de son frère et il fut blessé lors d'une expédition dangereuse menée sur ordre de Clauzel).
Xavier de Maistre se dit rassuré de le savoir de retour en France. "Votre aimable lettre, mon cher marquis, a été un véritable bonheur de famille, elle nous apprend à la fois votre victoire et votre retour, et nous a épargné le chagrin de vous savoir blessé avant d'apprendre votre rétablissement [...]. Le noble sentiment qui vous a conduit en Afrique embellit encore vos succès à mes yeux, tous les hommes qui ont un coeur, tous les bons frères, vous saurons gré de cette entreprise qui sans le motif dont vous étiez animé n'eut été qu'un brin de laurier de plus dont vous n'aviez pas besoin [...]". Il évoque l'été passé à Castellamare et les étrangers effrayés par le choléra à Naples. "Voilà tout espoir perdu d'y revoir la bonne Valentine avant notre retour en Russie, cette idée jette un voile noir sur le beau pays de Naples, c'est une chose triste de faire chaque jour de nouvelles connaissances qui doivent bientôt nous quitter [...], rien ne remplacera l'ancienne société française et nous avons mangé, comme on dit, notre pain blanc le premier". Pour lui, Naples a beaucoup changé, et l'hiver glacial transforme le paysage. "Le Neptune de la fontaine Medina n'était hier matin qu'un énorme bloc de glace et la balustrade du côté opposé au vent était un mur de cristal". Une sentinelle a été trouvée gelée dans sa guérite. "Comme c'est un Suisse il était probablement ivre". L'éloignement de Saint-Pétersbourg complique toutes ses démarches, son désir de revoir Paris reste intact, mais "mon âge et mille autres obstacles se présentent à moi aussitôt que je veux y penser". "Dans deux ans il faudra ramener Arthur en Russie, il court sa 15e année, il faudra penser à le jeter dans le monde alors si dieu le permet nous pourrons vous faire une visite [...]". [Mais Arthur va subir le même sort que ses 3 frères et soeurs et mourir prématurément en octobre 1837 avant d'avoir pu rentrer en Russie].
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