Marcel Pagnol et le pouvoir de séduction de Tino Rossi
Marcel Pagnol (Aubagne, 1895/1974)Amusant manuscrit autographe de Marcel Pagnol, consacré à Tino Rossi et à son pouvoir sur les femmes.
Les premières lignes, biffées au crayon à papier, concernent les épreuves d'un volume de Pagnol contenant l'examen des critiques adressées à son film La Belle Meunière, sorti en 1948, dans lequel Tino Rossi interprète Schubert.
Pagnol analyse ensuite le pouvoir de séduction du chanteur. "[...] Le cas de Tino Rossi est sans doute un cas très spécial : cependant, nous trouvons un autre exemple en Amérique, en la personne de Franck Sinatra [...]. Pour mesurer l'effet de sa voix magique, il faut l'avoir vu devant le public, par exemple à l'ABC de Paris ; mais il ne faut pas regarder le chanteur : il faut regarder la salle. Et d'abord, on ne voit que des femmes, parce que leurs yeux brillent plus [...]". Il y compare son attraction sur la gent féminine à un expérience réalisée aux États-Unis sur les moustiques mâles : "Je blesserai sans doute l'amour-propre de beaucoup de femmes, et peut être celui de Tino Rossi, si j'affirme que le charme redoutable de sa chanson me fait penser à la bourdonnante efficacité du moderne piège à moustiques. [...] je dis qu'il a quelque chose de plus, et que son timbre produit un effet physique - et peut être physiologique - par le moyen d'ondes dont j'ignore la longueur et la nature, mais que la science un jour pourra mesurer [...]. Il est logique d'admettre que des ondes qui font vibrer la sensualité des femelles soient assez désagréables aux autres mâles, qui ne possèdent pas l'équipement nécessaire à leur réception. [...].
Il termine son exposé en dissertant sur l'embonpoint de Tino Rossi et de Schubert : "Tout ceux qui ont connu Franz Schubert sont d'accord sur un point : ils disent que c'était 'une boule dégraisse' [...]".
Ce manuscrit est accompagné d'une lettre, datée du 1er janvier 1985, adressée à Bernard de Fallois : "Je viens de retrouver, dans mes dossiers, ces pages, un peu jaunies, qui avaient paru à Nice, dans une feuille éphémère (et électorale !) et que Marcel Pagnol m'avait données, en 1949, après un déjeuner sur le port de Monaco [...]. Manque hélas ! - et Dieu sait pourquoi - la signature...". (Stylo bleu 1 p., feuillet in-4, importante déchirure centrale restaurée au papier collant).
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