Remarquable témoignage de Jean Cocteau sur Erik Satie, son oeuvre et ses démons
Jean Cocteau (Maisons-Laffitte, 1889/1963)Jean Cocteau dresse le portrait du grand Erik Satie et de ses travers :
"Vous savez combien tout ce qui touche à mon cher Satie me touche. Voyez donc Maurice Sachs 44 rue de Lisbonne ; il classe mes lettres et il en a retrouvé de Satie dans le désordre. Satie est très difficile à classer. D'origine écossaise par sa mère et Honfleurois par son père il aimait le froid la pluie et portait les germes de l'alcoolisme. L'alcool ne joue aucun rôle dans son oeuvre. Il travaillait toujours dans ses périodes de régime (abandonnant les apéritifs et ses atroces cigares). Son travail était d'une probité chinoise, inconnue. On croyait le voir décaper une oeuvre déjà faite, recouverte d'une couche d'oubli. L'alcool, par contre, influençait les rapports amicaux. Il se brouillait et se réconciliait sans motifs (pour des motifs qu'il forgeait de toute pièce). Seul de sa génération il s'est soumis à la discipline de la Schola - (en plein impressionnisme musical) ne pas oublier l'esprit - très singulier - des Honfleurois. (Alphonse Allais par ex.). Son signe : contrairement aux Beethoven, Wagner, Debussy etc - qui travaillaient au dessus d'eux même et se contemplaient - Satie travaillait au dessous de lui-même (se sousestimait) et se faisait des grimaces - (titres ridicules de ses oeuvres les plus hautes). Vous trouverez le reste dans Le Rappel à l'ordre - Demandez-le à Delamain chez Stock Fleurus 00.78". Cocteau ajoute et encadre "Excusez mon style je suis trop faible" et au verso "J'ai été sauvé de ma névrite en 1922, par Boutier. Il travaillait alors avec Marie. Sa mort m'a bouleversé. Le connaissiez vous ?".
Cocteau était alors interné à Saint-Cloud pour lutter contre ses propres démons : l'opuim. Son hospitalisation dura de décembre 1928 à avril 1929. C'est là qu'il écrivit Les Enfants terribles, publié cette même année 1929.
Erik Satie et Wieland Mayr entretinrent une correspondance.
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