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Superbe lettre amoureuse, idéaliste et passionnée, de François Mitterrand

François Mitterrand (Jarnac, 1916/1996)
Président de la République (1981-1995).

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 3 - Format : In-8

Lieu : Sans

Date : 03/01/1939

Destinataire : Marie-Louise Terrasse, dite Catherine Langeais (1923-1998)

Etat : bon

Description :

Lettre passionnée de François Mitterrand, pleine d'idéalisme, écrite à l'âge de 22 ans, peu avant le déclenchement de la guerre ; il est alors mobilisé pour son service militaire.

"Marie-Louise, ma bien aimée,

J'arrive de Montrouge où j'ai tiré - marche rapide; entrainement perdu : je suis las - Avec ça j'ai trouvé le moyen de recevoir un casque sur le front, ce qui m'a entaillé la peau et plus. Résultat ma tête est un peu engourdie, mon corps est fatigué : service militaire en plein. Mais je ne veux pas, ma chérie, laisser passer cette soirée sans vous écrire. Il m'est impossible de perdre complètement une journée : et perdre une journée c'est maintenant pour moi ne pas vous voir ou ne pas vous témoigner mon amour.".

Il s'interroge sur leur avenir commun. "Hier soir, nous avons frôlé bien des sujets graves. Il est bon que nous arrivions à connaître nos avis sur les multiples aspects de la vie. Et la nature de notre amour, sa force, sa place, son importance, nous devons les déterminer et les confronter avec ce que nous voulons : un tout qui soit le plus près possible de l'Absolu.

Nous devons tout faire pour que notre amour demeure la base essentielle de notre vie. Pas en contradiction avec d'autres affections : il s'agit de plans différents. Mais notre amour doit constituer le plan supérieur. Je ne conçois l'Amour, l'amour que j'ai pour vous, que comme le seul but pour lequel tout doit être sacrifié [...]".

Il espère la voir le lendemain. "Ma journée et celles qui suivront seraient vraiment trop tristes autrement. Et je ne garde pas de ma soirée d'hier un souvenir tellement mauvais que recommencer de si doux instants puisse me paraître une désagréable perspective!

Ma toute petite Zou chérie, je vous adore, je ne puis que vous dire cela avant de me coucher. Cette nuit dernière je me suis réveillé vers quatre heures [...]. Cela m'a permis ma toute chérie de rêver, de vous imaginer, de vivre par la pensée avec vous, intensément.

Avez-vous lu les "Anges noirs"? et "Fontaine" [...]. Vous me direz ce que vous en pensez. Ma bien aimée à demain mercredi, même heure, même endroit.

Vite ce moment!"

Il transgresse alors le vouvoiement pour se rapprocher et lui déclarer son amour.

"Je ne suis heureux qu'avec vous. Je t'aime, ma Marie-Louise.

François

Je t'aime? mais je n'en reviens absolument pas : je t'aime plus que tout - et 1939 menace de voir durer un état aussi extraordinaire! Vive 1939! : je t'aimerai chaque jour de cette année, davantage [...]".

Vendu