Superbe témoignage de Roberjot sur la réaction thermidorienne.
Claude Roberjot (Mâcon, 1752/1799)Magnifique témoignage sur la situation de la Convention après la chute de Robespierr e. En pleine terreur, Roberjot commente l'action de Reverchon à Lyon et les difficultés qu'il éprouve, observe et commente la lutte fratricide qui se déroule au sein de la Convention. « Soutien ton courage, la vérité triomphe toujours, et tu auras la double gloire d'avoir
fait le bien et de l'avoir fait au milieu des difficultés et de la calomnie ». Il rend compte de son action auprès de Couthon et Lindet, l'assure du parfait soutien du Comité de Salut Public qui « hait l'intrigue et les fripons », rapporte les bruits qui courent à Paris sur l'état insurrectionnel qui règne à Lyon. Surtout, il rend compte des séances houleuses de la Convention et des règlements de comptes qui se préparent : tentative de coup de force des Jacobins, décret du 18 thermidor, libération de députés, intrigues au sein de l'assemblée qui lui rappellent « le temps des Brissotins », mise en accusation des anciens
amis de Robespierre. « Barère a été rayé des Jacobins, on assure que Le Cointre de Versailles est disposé à demander l'arrestation et l'acte d'accusation de ce membre du comité de salut public. Il a annoncé à quelques représentants qu'il avait des faits positifs de conspiration [...] Barère était bien le coopérateur des triumvirs [...]. On prépare aussi contre Billaud-Varenne une sortie très forte, il se dispose à la difficulté. Collot n'est pas tranquille, on a de grands reproches à lui faire, on prépare aussi des faits qui doivent le perdre [...] ». Il a fait envoyer un commissaire en Saône-et-Loire « pour y rétablir la tranquillité », les événements se précipitent : victoires des armées de la République, projets de contre-révolution, explosion de Grenelle qui s'est produite la veille, situation politique très tendue, discrédit des Jacobins après la journée du 9-thermidor, suspicion au sein même de l'assemblée. « Je ne conçois plus rien, mon cher Reverchon, aux événements qui se passent ici, je suis au bout de mon latin [...]. La séance d'hier s'est passée en partie en invectives, en injures, en reproches, en qualifications infamantes, les mots de voleurs, d'intrigants, de scélérats, de contrerévolutionnaires se sont fait entendre [...], chaque passion attribue ces divisions à ses adversaires, le peuple est tranquille, mais son silence est un indice certain de désapprobation, l'aristocratie s'agite, les amis de Robespierre, les voleurs, les fripons, et malheureusement ils sont en trop grand nombre,
excitent des mouvements, pervertissent l'opinion publique, jettent de la défiance sur la représentation nationale, il se trouve des groupes, on parle tout haut de royauté, on est las de l'oppression, on gémit sous la tyrannie de quelques individus [...]. Je t'ouvre mon
opinion, tiens le secret [...], on ne sait plus sur qui compter [...] ».
Vendu