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REF: 6140

Très belle lettre de l’adversaire de Rousseau, Joachim Gagnière.

Type de document : lettre autographe signée

Nb documents : 1 - Nb pages : 2 - Format : In-4

Lieu : [Saint-Vallier, Drôme]

Date : [fin juillet - début août 1789]

Destinataire : Messieurs du Comité de Saint-Vallier

Etat : papier bruni

Description :

Lettre de Joachim Gagnière, médecin de Saint-Vallier, fervent rousseauiste, devenu un farouche adversaire du philosophe quand celui-ci refusa de le rencontrer. Elle s'inscrit dans les terribles événements qui ensanglantèrent la région de Saint-Vallier [Drôme] au début de la Révolution, des bandes de brigands semant la terreur, tuant et pillant les châteaux. Gagnière, en sage philosophe, propose de déposer les armes et d'inviter les nobles à renoncer à leurs privilèges ; il estime que seule cette solution permettra un retour à la paix civile. «La liberté des hommes civilisés est fondée sur les loix. Nous devons attendre en silence ces loix que faira l'assemblée nationale [...]. Regardons nous comme un peuple heureux. Livrons à la joie, puisque la félicité vient régner au milieu de chaque famille. Quittons les armes, mes chers compatriotes, qu'une terreur panique ne nous les fasse plus prendre. Mais, me direz-vous, on ravage, on démolit, on incendie les châteaux ! C'est un très grand malheur, j'en conviens et je suis le premier à en gémir. Mais faut-il des armes pour repousser ces malfaiteurs ? Moi, je vous assure que non. Voici le seul et véritable moyen pour les faire disparaître : c'est la cession des droits personnels de la part des seigneurs. Par cet abandon ils deviennent citoyens, ils font cause commune. Dès lors, tout parti cesse, la confiance renaît, l'amitié se rétablit. Mais si les seigneurs se montrent plus attachés à leurs intérêts qu'à l'honneur d'être citoyens, le même peuple qui a eu le courage de s'emparer de la Bastille et de disperser une armée commandée par un grand général, les faira toujours trembler et finira par les détruire [...]». Il estime que la troupe ne garantit pas la sécurité mais, au contraire, augmente le danger ; ainsi, sa manière d'appréhender les événements, met la noblesse devant ses responsabilités. «Leur salut est entre leurs mains. Ils n'ont qu'à manifester leur générosité ou plutôt à se désister des droits reconnus généralement pour injustes. Et les seigneurs qui fuient leurs châteaux pourront y revenir et y vivre en paix. La vertu devenant leur partage, ils auront la confiance publique, chacun volera à leurs secours et, dans peu, eux et nous, serons tous délivrés de ces brigands, répandus dans les campagnes [...]». Voulant mettre à exécution ses idées par des actes, il se démet de sa charge de capitaine de la garde. «Je crois qu'il est de notre sagesse de mettre notre entière confiance aux décrets qui émaneront des Etats-généraux».

Adresse au dos avec reste de cachet de cire.

800,00 560,00

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