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Très intéressantes lettres d’Hubertine Auclert sur ses combats féministes

Hubertine Auclert (Saint-Priest-en-Murat, 1848 /1914 )
Militante féministe, journaliste et écrivaine française. Elle se battit pour l’éligibilité des femmes et de leur droit de vote et fondit le journal La Citoyenne et la société Le Droit des femmes.

Type de document : lettres autographes signées

Nb documents : 2 - Nb pages : 4 pp. 1/2 - Format : In-8

Lieu : Paris

Date : 9 septembre 1883 et 6 février 1895

Destinataire : "Monsieur"

Etat : une déchirure sans manque (à l'une) et taches d'encre (sur l'autre).

Description :

-Longue et intéressante lettre de 1895. Hubertine Aubert y raconte son parcours, ses combats féministes et ses victoires : "Mme Vincent me prie de vous envoyer quelques renseignements sur ma campagne en faveur des droits politiques de la femme. Je vous adresse donc deux de mes conférences. Il ne me reste plus un exemplaire de celle sur le refus d’impôts et sur mes plaidoiries devant le conseil de préfecture et le conseil d’État ; mais vous trouverez dans le livre de Dumas, « Les femmes qui tuent et les femmes qui votent » tout cela consigné [texte publié en 1880 par Alexandre Dumas fils dans lequel il réclamait en particulier le droit de vote pour les femmes]. Si vous voulez être un historien consciencieux de notre mouvement, vous n'omettrez pas de citer Léon Richer qui a par ses ouvrages, ses journaux, son habileté à intéresser à la cause des femmes, Victor Hugo, Louis Blanc et le monde parlementaire, a plus fait pour nous, que Maria Deraismes dont j’ai toujours admiré le talent. Ce sont les échos des discours prononcés aux banquets périodiques organisés par Léon Richer avec le concours des députés et sénateurs, qui presque à ma sortie du couvent m’ont fait venir du Bourbonnais à Paris, combattre pour la liberté de mon sexe. Orpheline, indépendante, mais aussi timide de caractère (je parlais tout bas) qu'audacieuse de pensée. J’ai étudié pendant plus de trois ans la question des femmes, et quand j’ai compris la nécessité de ressusciter le programme des femmes de la révolution et d'une partie des femmes de 48, en faisant, contrairement à Léon Richer et à Maria Deraismes, mes maîtres, découler les droits civils des droits politiques, j’ai fondé avec le concours d’un journaliste orateur (Antonin Lévrier qui devint plus tard mon mari), la société, le Droit des Femmes (année 1877). Cette société vit passer une pléiade de jeunes journalistes et avocats. Considérant que les droits politiques étaient pour les femmes la clé de voûte de tous les autres droits, elle envoya quatre délégués soutenir le droit politique au congrès féministe de 1878, délégués auxquels Maria Deraismes et Léon Richer, interdiront la parole sur cette question dangereuse, des droits politiques… La société organisa l'inscription électorale, le refus de l'impôt [...].

En 1881, avec le concours de Léon Giraud et Antonin Lévrier, j’ai fondé le journal La Citoyenne qu'au prix de sacrifice et de concours généreux, nous étions parvenus à faire connaître un peu. En 1888 lors de mon mariage avec Antonin Lévrier et de notre départ pour l’Algérie, j’ai pour le temps de mon absence, confié le journal à une de mes collaboratrices, Madame Maria Martin. Cette dame abusant de ma confiance, s’est approprié La Citoyenne et sa clientèle, en en changeant le titre. [...] N’ayant plus de journal à moi, je bataille où je peux ; récemment, c’était à La Libre parole. En 1885, La Société du suffrage des femmes que j’avais fondé, voulu poser la candidature de Maria Deraismes, mais plusieurs dames n’admettant pas cette candidature exclusive, voulurent aussi être candidates et par leurs ambitions et leur manque de tact, elles firent tourner l’éligibilité féminine en dérision. Nos efforts n'ont as été absolument stériles, puisqu'ils ont amené la plupart des femmes du mouvement actuel à revendiquer les droits politiques [...]. Léon Richer seul, est resté convaincu qu’il fallait dans nos revendications, donner le pas aux droits civils. Il a cependant pu constater que toutes les commissions féministes parlementaires qu’il avait fait donner, si elles étaient comme celle qui existe actuellement, pleines de bonnes intentions, n'avaient jamais tenu leurs promesses [...]".

-Seconde lettre à l'en-tête "La Citoyenne - Journal pour la revendication des droits de la Femme". "Monsieur, voudriez-vous bien insérer dans votre excellence journal l'Évènement, cet appel que je donne à la grande presse [...]".

Léon Richer féministe français, était considéré par Hubertine Auclert et Eugénie Niboyet comme le Père du féminisme. Marie Deraismes (1828-1891), féministe et oratrice, avait notamment organisé avec Richer le Congrès international du droit des femmes. Elle était aussi favorable à l'abolition de la prostitution.

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