Très longue lettre codée de l’abbé de Bossuet à son oncle l’évêque de Meaux, écrite de Rome, durant l’affaire du quiétisme
Jacques-Bénigne Bossuet, abbé de Savigny (1664/1743)Longue lettre en partie codée de Jacques-Bénigne Bossuet, abbé de Savigny adressée à son oncle Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux, dont il était le représentant à Rome. Nombreux ajouts de la main du grand Bossuet, sur 14 des 16 pages : il a décodé de sa plume les passages chiffrés et a souligné les informations importantes.
Intéressante rapport sur la vive querelle entre Bossuet et Fénelon autour du Quiétisme. Plusieurs passages sont chiffrés.
"Je me sers d'un courrier extraordinaire qui a apporté la nouvelle de la paix et que Mr le Card. de Bouillon redepeche. Cette lettre vous sera rendue surement et 29 + 50 5 50;70 7 9 99 71, 36 99 5 50 [traduction au dessus de la main de Bossuet "B. n'en scait rien" (B, c'est-à-dire le cardinal de Bouillon)], c'est par la voie d'arlequin. Je vous ai adressé un gros paquet contenant deux ordinaires qui n'ont pu partir à cause que M. le Card. de Bouillon n'a pas voulu que le premier partit par le dernier extraordinaire dépêché [...]". Il évoque son courrier envoyé le 8 octobre précédent [et conservé à la BNF dans le fond Rothschild 1883], et les différends avec "Mr de Cambray" [Fénélon]. "[...] le refus d'approuver votre livre, le refus perpétuel de conférer avec vous, le scandale que son livre a donné et donne tous les jours avec sa manière d'agir enfin ma relation (?) ces fait avec quelques réflexions ferait bien voir l'intention de l'auteur et l'instruction de l'auteur influe beaucoup sur le livre et on sait bien voir le venin caché et le sens mauvais qu'il veut cacher sous le belles paroles d'amour [...]. Le Pape est toujours incommodé de la quette qui le chicane et l'empêche de dormir. Il est très chagrin et très inquiet, les uns disent que ce n'est rien mais selon moi c'est toujours beaucoup pour un homme de son âge. Il ne laisse pas donner audience à tout le monde. [...] si un malheur arrivait au Pape, il me serait très agréable d'entrer dans le conclave [...]. B se porte mieux [...]".
Jacques Benigne Bossuet, évêque de Meaux se trouvait opposé à l'archevêque de Cambrai, François de Fénelon, sur la question du quiétisme, inspirée des théories du théologien espagnol Miguel de Molinos, sur la perfection chrétienne. Bossuet avait notamment publié en 1695 une Instruction sur les États d'oraison, et Fénelon avait répondu entre autres par des Explications des maximes des saints (1697). La querelle fut portée à Rome où Fénelon se fit représenter par l'abbé de Chanterac et Bossuet par son neveu et homonyme Jacques Benigne Bossuet. Fénelon fut le grand perdant : tombé en disgrâce à la Cour il se vit retirer par Louis XIV son préceptorat et son appartement à Versailles, tandis qu'en 1699 le pape condamna le livre de Fénelon.
Provenance : bibliothèque de Louis Barthou (p. 122, n° 44, Le Livre et l'estampe, 53-60, 1968).
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