Un exploitant forestier dans les plaines enneigées d’Ukraine.
Lettre d'un exploitant forestier parti aux confins de l'Ukraine, dans la scierie de Porosowo, dans laquelle il raconte ses pérégrinations et son voyage. «Le plus dur a été de venir de la station ici, par des chemins impraticables, dans une charette, exposé à tous les vents, ayant seulement les pieds dans la paille». Il éprouve les plus grandes difficultés à se faire comprendre -ne parlant que l'allemand-, en particulier à la douane russe. «Tu ne peux pas te faire une idée de la peine qu'on a pour entrer en Russie, à cause du nihilisme. On est ici comme en état de siège. On ne peut introduire aucun livre, aucun journal, c'est pour cela même qu'on m'avait bien recommandé de ne pas envelopper mes chaussures avec des journaux, tu juges par là si on est sévère». Il est allé se promener au petit village le plus proche de la scierie. «Tu te figures si j'ai pataugé dans la neige. En sortant de la forêt, nous avons vu d'immenses champs de neige de tous côtés, dont l'extrêmité se confondait avec le ciel. Par ci, par là, quelques croix s'élevaient au dessus de la neige. Rien de plus curieux que de voir tous ces traineaux des paysans tirés par deux, trois ou quatre chevaux attelés de front, et il faut voir avec quelle rapidité marchent ces petits chevaux russes». Il dresse également un tableau des coutumes vestimentaires. «Le vêtement des Polonais est bien simple. Un grand vêtement ample serré à la taille, ou bien une petite veste avec un jupon en grosse laine, des grandes bottes, et toques en fourrures, c'est assez original. Tu rirais bien si tu me voyais enveloppé dans ma fourrure, mes bottes, ma toque, mes lunettes et ma pipe [...]». Il ne pourra peut-être pas revenir sur Varsovie et risque de se rendre directement à Constantinople pour ses affaires.
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