Jean Cassou dénonce l’attitude de Bertrand de Jouvenel durant l’occupation.
Jean Cassou (Bilbao, 1897/1986)Violente charge contre Bertrand de Jouvenel après l'invasion soviétique en Tchécoslovaquie. "Tout le monde sait que Bertrand de Jouvenel a été nazi pendant l'occupation. Le Monde, certainement, le sait aussi. Je serais donc mal venu de lui écrire pour lui révéler qu'il a publié la lettre d'un nazi. Je n'ai pas non plus à faire part à ses lecteurs de mon étonnement de voir ce nazi protester contre l'asservissement de la Tchécoslovaquie alors qu'il a applaudi à l'asservissement de la France". Il est d'accord pour créer une union d'intellectuels français en soutien aux Tchécoslovaques exilés, comme "celle que nous avions créée, vous et moi, au moment de Munich. Vous savez, et vous êtes particulièrement placé pour le savoir, que depuis longtemps, spécialement depuis l'affaire Tito, je me suis prononcé contre le stalinisme et l'impérialisme colonialiste, militariste et obscurantiste russe. Je ne demande donc qu'à exprimer ma désapprobation de la nouvelle manifestation de cet impérialisme qui vient de se produire à Prague", mais il ne voit pas quelle action il va pouvoir mener. "Je n'entends pas me trouver en compagnie de gaullistes et de réactionnaires qui ne voient dans cette affaire qu'une occasion de reprendre les thèmes éculés, non seulement de l'anti-bolchévisme, mais simplement de l'anti-démocratie et, par conséquent, de compromettre la cause du communisme démocratique en Tchécoslovaquie. Je ne vois plus guère d'intellectuels avec qui je me sente d'accord [...]. Sans doute cet isolement est-il le prix de la liberté mais je m'en console en me retrouvant en communion d'esprit avec les étudiants de mai-juin qui sont des révolutionnaires authentiques et que le Parti Communiste français a livrés aux matraquages de la police gaulliste".
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