La peinture n’amuse plus Jehan Georges Vibert.
Jehan Georges Vibert (Paris, 1840/1902)Vibert est installé à Cannes et peste contre la corvée d'écriture des lettres. «Je ne fais que cela, c'est la famille qui demande des nouvelles, ce sont les convenances, des lettres que l'on m'envoie et auxquelles il faut répondre, enfin bref, je passe toutes mes soirées à cela. Je viens d'écrire 15 lettres d'un coup [...]». Mais il aimerait avoir des nouvelles de son ami, savoir s'il va à l'atelier, s'il a un tableau en cours. Il donne aussi de ses nouvelles. «Je travaille beaucoup. J'ai deux tableaux en train. Je ne m'amuse pas du tout, mais du tout ; je ne veux pas dire pour cela que je m'ennuie, je reporte toute ma sève sur la peinture, mais ça ne pourra pas durer longtemps comme cela, de la vertu pas trop n'en faut». Son quotidien le ronge également. «Sais-tu que voilà quatre mois que je suis comme un petit Jésus. Je fais des vers et je fume mélancoliquement ma pipe sur le bord de la mer, le soir au clair de lune, en rêvant au bonheur. J'en suis réduit à (délirer ?) dans ma chambre le matin en caleçon, nous faisons en avant deux avec Ernest pendant une demie heure au son d'un mirliton que nous avons fait et, ces jours-là sont nos jours de folie, une folie bien douce comme tu vois. Si ça continue, je finirai par broder des mouchoirs ou me faire des bretelles en tapisserie. Je peins à peu près avec la même tranquillité ; enfin, je ne me reconnais pas [...]». Il ne sort presque pas, prend du ventre et des coups de soleil. «Ma barbe duvette légèrement et folâtre autour de mon menton comme les poils d'une brosse mangée aux vers, enfin je suis charmant». Il demande des nouvelles de l'école et des amis peintres. «J'avais écrit à Leloir pour le féliciter de son second prix, je ne sais pas s'il a reçu ma lettre [...]».
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