Près de 450 pages manuscrites d’un voyage à travers la Russie en 1839-1840.
Jacquelin La Tour-Landry (de Maillé de) (1815/1874)Très important dossier de lettres et manuscrits de Jacquelin de Maillé écrits durant son long voyage d'un an et demi à travers les pays du nord de l'Europe, la Russie tsariste, la Crimée et l'est de l'Europe.
- 25 lettres à sa mère, 159 pages in-4 et in-8. Une avec adresse et marques postales. Chritiana, Réval [Tallinn, Estonie], Saint-Pétersbourg, Moscou, « Alaupka sur la côte méridionale de la Crimée », Odessa, Malte, Vienne, Csakvar, Pest [Budapest] et Vienne, mai 1839 octobre 1840.
Passionnante correspondance qui nous fait revivre les pérégrinations de Jacquelin de Maillé pendant son long voyage d'un an et demi à travers des contrées encore peu connues à l'époque. Parti de Norvège, il rejoint l'Estonie, puis traverse toute la Russie du nord au sud jusqu'aux rives de la Mer Noire, pour rejoindre l'Europe centrale. Cette relation est d'autant plus intéressante qu'elle est exactement contemporaine du voyage d'Astolphe de Custine en Russie, qui publia à son retour, La Russie en 1839, ouvrage qui eut un retentissement considérable en Europe car il y dressait un tableau de la Russie gouvernée par la peur et la violence tsariste ; Custine voyagea en effet de juin à septembre 1839 à Saint-Pétersbourg, Moscou et Nijni-Novgorod, tout comme Jacquelin de Maillé qui, au passage, l'évoque, dans sa lettre de Saint-Pétersbourg, du 12 juillet 1839. « En fait de nouvelles, nous avons ici votre ancien ami Mr de Custine [...] ». Moscou, 5 sept. 1839. « Je suis encore ici pour quatre ou cinq jours et avant d'arriver à Odessa, je resterai quelques jours chez le Cte Warongasi dans les environs de Kief. C'est un des plus riches propriétaires de la Russie et je suis heureux de voir un établissement de ce genre. Ce qui m'a fait prolonger mon séjour à Moscou c'est l'arrivée de l'Empereur. Vous savez que Moscou est la ville Russe par excellence. Le peuple ici a plus conscience de son caractère particulier. Et la présence de la personne de l'Empereur, du chef religieux au milieu de cette ville, m'a paru devoir être intéressante. Le fait est que l'enthousiasme qu'il inspire ici est immense. Vous voyez au Kremlin tout le peuple réuni et attendre paisiblement toute la journée dans l'espoir de l'apercevoir une fois. C'est le représentant de Dieu sur la terre et leur respect a quelque chose de sacré qui s'allie parfaitement bien avec leur dévotion toute de pratique et de superstitions. D'ailleurs Moscou, dit-il est sa ville de prédilection. Il doit y rester une dizaine de jours. Il revient comme vous le savez de Borodino où il y a eu de grandes manoeuvres pour l'anniversaire de la bataille appelée par nous bataille de la Moskova [...] ».
- Jacquelin de Maillé. Ensemble de manuscrits autographes signés « JM », totalisant 285 pages : Colonies militaires du midi de la Russie, leur organisation. Odessa, 1840 (20 pp. in-8) ; Notes sur les différentes classes en Russie et leurs idées. Moscou, 7bre 1839 (30 pp. in-4) ; Notes sur l'organisation générale intérieure de la Russie. Odessa, Russie, 1840 (56 pp. in-4) ; Notes sur les colonies militaires de Russie tirées du voyage du docteur Lyell (10 pp. in-12) ; Histoire de l'Incendie de Moscou en 1812 par Mr l'abbé Surugue, copié sur les registres de la paroisse de St Louis à Moscou septembre 1839 (32 pp. in-4) ; Notes de voyage depuis Vienne dimanche 30 août [1840] jusqu'à Pest [Budapest] inclusivement mercredi 16 7bre jour de départ pour Orsova Hongrie (32 pp. in-8) ; Notes sur la Hongrie son histoire, son administration Hongrie 1840 (23 pp. in-8) ; Colonies frontières d'Autriche et leur organisation Hongrie 1840 (20 pp. in-8) ; Notes depuis mon départ de Pest pour la basse Hongrie jusqu'à mon arrivée à Vienne au retour Hongrie, du mercredi 16 7bre 1840 inclusivement jusqu'au samedi 25 8bre 1840 (58 pp. in-8) + 2 autres notes.
Ces notes prises par Jacquelin de Maillé sont d'un grand intérêt et rejoignent le tableau dressé par Custine. Dans un manuscrit de 30 pages, rédigé à Moscou en septembre 1839, il décrit le système féodal tsariste, ainsi que l'état de misère absolu et d'esclavage dans lequel survivent les paysans. Tout comme Custine, il y voit les germes d'une révolution. « Il s'en suit qu'ils sont mécontents, mécontents parce qu'il faut payer l'argent qu'ils ont emprunté aux conditions les plus favorables, mais qu'il leur est impossible ou du moins très difficile de payer [...]. Ce mécontentement sourd, s'il arrivait en Russie une crise quelconque, pourrait avoir de graves inconvénients. Mais s'il arrive à amener une révolution, leurs piques probablement se borneraient à demander quittance de leurs dettes. Cet état de gêne effrayant est presque une question insoluble [...] ».
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