Rosny aîné analyse le succès posthume de Baudelaire.
J.-H. Rosny aîné (Bruxelles, 1856/1940)Manuscrit d'un article de Rosny aîné paru dans Le Manuscrit Autographe n°22 de juillet-août 1929 consacré à Baudelaire. Il est intitulé Les Méconnus. Il analyse la sélection que la postérité fait des écrivains. «Qu'était Baudelaire à l'heure de sa mort? Un puits goûté par une élite peu nombreuse, parfois réticente ou timide. Non seulement le public, mais l'immense majorité des écrivains l'ignoraient - et parmi ceux qui ne l'ignoraient pas, la plupart détestèrent son oeuvre. Sans le méchant procès qu'on lui fit, sa renommée eut été plus dérisoire encore. Madame Bovary n'a-t-elle pas dû un succès de vente grâce aux juges qui la condamnèrent?... Le pauvre Baudelaire, pendant des années, poursuivit ensemble la gloire et la pièce de cent sous, sans trouver l'une ni l'autre. Il mourut dans la misère : ses traductions, ses articles, ses poèmes en vers et en prose, lui avaient rapporté en tout, a-t-on écrit, quinze cent francs. Aujourd'hui les Fleurs du Mal se vendent comme des petits pâtés, beaucoup mieux que n'importe quel livre de Victor Hugo [...]».
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