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Trois superbes lettres de René Favre, frère de Vaugelas, après la condamnation de son livre.

René Favre de La Valbonne (Bourg-en-Bresse, 1583/1656)
Fils d'Antoine Favre, et frère de Vaugelas, il est juriste à Annecy, baron de Pérouges, président le Conseil du Genevois, au Sénat et au Conseil d'État.

Type de document : lettres autographes signées

Nb documents : 3 - Nb pages : 7 - Format : in-folio et in-8

Lieu : Annecy

Date : août 1647-avril 1648

Destinataire : le comte de Saint-Thomas, conseiller d'Etat du duc de Savoie et premier secrétaire de ses commandements.

Etat : petite mouillure sans gravité

Description :

Trois magnifiques lettres du président René Favre de La Valbonne, frère de Vaugelas, relatives à l'arrêt pris à son encontre par la chambre du Sénat de Savoie, à la suite de la publication de son livre, à Annecy en 1646, Le Bien public pour le fait de la justice. Ce livre, qu'il pensait devenir un manuel pour tous les princes, gouverneurs et officiers de justice, vit au contraire les passions se déchaîner contre lui, le sénat de Chambéry le condamner au feu, et des persécutions poursuivre son auteur, en particulier de la part de "Madame Royale Marie Christine" [Chrétienne de France, duchesse de Savoie]. "Car si elle y déclare comme elle faict que mon livre est sans tiltre de crime et de coulpe, comment ce que le Sénat a peu ensuite de cela intéresser et engager mon honneur comme il a faict [...]. Je scay bien que les gents de bien et judicieux soubstiendront mon honneur aussi bien que la pureté de mes intentions mais le vulgaire qui ne peut pénétrer si avant me rendra dans l'ignominie encor que le subjet est plein de gloire devant Dieu et ses saincts". Il supplie son correspondant d'intervenir auprès de la duchesse de Savoie pour la faire fléchir. "Mon frère de Vaugelas m'escrit qu'il vous avoit envoyé son livre. Je vous prie de me donner advis si vous l'avez receu pour qu'il vous l'addresse comme au plus capable juge qu'il en puisse avoir. Il m'escrit qu'en sa naissance il a esté contredict ainsi qu'a esté le mien. Mais c'est la coustume de toutes les bonnes choses qui sont impugnées et traversées ainsi que Dieu a permis que fust l'establissement de la Foy et de l'Eglise. Je n'ay voulu surcharger l'esprit de madame Royale de mon affaire parmi les embarras de ceste détestable et abominable conjuration. Je me suis apperceu néantmoins que par le retour du Sr Sénateur de Chalon elle avoit escrit une lettre au Sénat par laquelle elle luy commandoit de supprimer l'Arrest qu'il a faict contre moy et mon livre. On dit qu'ils s'eschauffent tousjours et qu'ils ne veulent non plus obéir à Madame Royale qu'ils ont fait cy devant en ceste affaire tellement qu'elle sera contrainte de se monstrer maistresse et souveraine ou en se faisant obéir ou en déclarant avec son conseil nul et de nulle valeur ; tel Arrest rendu sans aucune raison sans ordre de justice par des juges parties et par des juges récusés en tous mes aultres procès au nombre de six pour le moins sans m'ouïr en justification contre la dernière lettre de M. R. qui déclare mon livre innocent sans avoir esgard à son jugement et à ses patentes du XI novembre 1646, et en violant le respect qu'ils doibvent à son nom glorieux qui faict le principe du Livre et de l'Epistre dédicatoire puis qu'ils ont ordonné que mon livre seroit biffé et lacéré sans réserver, excepter ny déférer au nom qu'il avoit l'honneur de porter sur son front tous les estrangers et ceux du pais qui osent parler en ont prix tel scandale qu'ils tirent argument qu'en autre chose il est en danger qu'ils ne fassent pas meilleure justice. Je vous conjure, monsieur, de me prester tousjours vostre main et entremise favorable, veu mesme qu'après Dieu et la bonne inclinaison de M. Rle mon frère et moy avons une entière confiance à vostre amitié et à vos bontez [...]". Mais le Sénat s'acharne de plus belle contre le livre, et René Favre, dans une dernière lettre, ne comprenant pas "l'obstination de ces messieurs", se décourage. "Il faut que j'advoüe que toute ceste procédure me semble un songe tant j'y vois peu de convenance à la raison solide. Un jour nous scaurons dans le ciel les ressorts en cecy de la divine providence qui tire partout le bien du mal mesme [...]". [Ce livre, qui a été réimprimé par Henri Ferrand au XIXe, est aujourd'hui pratiquement introuvable, et manque à toutes les grandes collections sur la Savoie].

Adresses au dos avec cachets de cire armoriés.

Vendu